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climat | Canal Seine-Nord Europe, la nouvelle A69 ?

Publié dans Le Prix du Plomb (printemps 2025)
Mis en ligne le 03 décembre 2025
Sans titre

Le 27 février 2025, le tribunal administratif de Toulouse a décidé l’interdiction du chantier de l’Autoroute A69, construction écocidaire en cours depuis plusieurs années, dans l’objectif de relier Toulouse et Castres (enfin, de faire gagner 10 minutes aux gens tout en allégeant leur porte-feuille de quelques 17 euros grâce à un nouveau péage hors de prix).

Les victoires comme celles-ci sont à célébrer, car les projets mettant à mal la biodiversité et les dépenses publiques sont légion : dans les Hauts-de-France, c’est le chantier Canal Seine-Nord Europe qui fait parler de lui.

Initiés en 2022, les travaux consistent à relier la Seine et l’Escaut, plus précisément Compiègne à Aubencheul-au-bac, dans l’objectif de faire grandir le flux fluvial entre la France, la Belgique et les Pays-Bas.

Le canal fera 107 kilomètres de long, 54 mètres de large, et 4,5 mètres de profondeur.

Tout ça pour transporter, à l’horizon 2035, près de 17millions de tonnes de marchandises.

Sur le site du canal, on peut y lire qu’il permettra d’éviter 1 million de camions par an sur les routes, mais aussi 50 millions de tonnes de CO2 sur 40 ans, ou encore le fait de planter 850 000 arbres.

Pourtant, vendredi 21 mars, les militant.e.s de Attac, XR Lille, Les Soulèvements de la Terre Lille, Solidaires Sud, Nord Nature, la CGT, Les Amies de la Terre, et la Confédération paysanne du Nord, se sont rejoints devant le Conseil Régional des Hauts-de-France pour interpeller Xavier Bertrand.

L’objectif ? Rappeler le désastre écologique et économique que représente un tel chantier :

- un budget initial de 4,5 milliards d’euros, doublé alors même que le chantier commence à peine, et financé par les impôts des Français.es

- 3500 hectares de cultures détruites

- une retenue d’eau de 14 millions de m3, soit l’équivalent de 22 bassines de Sainte-Soline

Bien sûr, les promoteurs du projet vantent un intérêt financier : le fameux ruissellement. Ce chantier devrait apporter de l’emploi partout dans la région, et alléger l’afflux de camions grâce au frêt fluvial.

Or, les associations répondent : à cause des travaux, le canal va être fermé deux ans (a minima), entrainant un fort afflux de camions sur les routes. Des milliers de camions seront ensuite nécessaires pour l’acheminement des denrées aux ports traversés par le canal, enrichissant au passage les entreprises logistiques, et pas franchement la région entière.

La Fédération régionale Nord Nature continue : les batelières vont subir de plein fouet la fermeture du canal, puis l’ouverture à la concurrence européenne une fois celui-ci réouvert. Pour eux, le projet s’ancre dans “la mondialisation par l’intensification des flux de marchandises”.

Alors que la crise climatique s’intensifie et les ressources planétaires finies s’amenuisent, l’heure semblerait plutôt être au ralentissement, à la décroissance. Un tel projet, comme celui de l’A69, semble anachronique vu les enjeux actuels.

Ainsi, les associations proposent une autre vision des choses :

- un investissement dans la recherche et développement pour améliorer la gestion de l’eau et des flux

- accepter un format plus modeste, réaliste au vu de l’urgence écologique

- le développement d’un schéma national de transport basé sur la complémentarité, afin de mieux utliser le frêt fluvial et ferroviaire, en perte de vitesse malgré leurs avantages.

Des propositions qui, pour l'instant, restent lettre morte auprès des autorités concernées.

Issu du numéro 72 | «Le Prix du Plomb»

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