antiracisme | Tuerie à Dunkerque : un traitement médiatique à deux vitesses

Le samedi 14 décembre 2024, Paul Domis, un homme de 22 ans, se rend à la police de Dunkerque et confesse plusieurs crimes. Il est actuellement mis en examen pour trois assassinats et deux meurtres. Si l’acte en lui-même est d’une violence effroyable, le traitement médiatique met en lumière un racisme à peine dissimulé.
Lorsque le suspect n’est pas d’origine étrangère, le choix des mots semble beaucoup plus sobre. Le Parisien parle de « périple » pour résumer le parcours de Paul Domis, 20 minutes le qualifie de « tireur sportif ». Certains médias ont décidé d’occulter plusieurs victimes. Les deux autres personnes décédées s’appellent Ahmid et Mustafa, deux personnes sans-papiers.
Mustafa et Ahmid sont en effet deux Kurdes iraniens, qui séjournaient dans un camp en attendant de rejoindre l’Angleterre. Selon la philosophe Sophie Djigo, cette invisibilisation n’a rien d’anodin. L’attention médiatique est portée sur les trois victimes françaises, dont Paul Dekeister, chef d’entreprise, dont les obsèques ont été relayées dans La Voix du Nord (et ont attiré plus de 1000 personnes).
L’éventualité d’un acte aux intentions racistes est absente dans le traitement médiatique, là où un meurtre commis par une personne d’origine étrangère est d’emblée repris par le Rassemblement National et autres organisations racistes, qui s’empressent de voir un acte terroriste quand il n’y a parfois rien de revendiqué.
C’est par exemple le cas de l’attaque survenue en Allemagne, à Magdebourg. Le jour de l’attaque, voici le tweet de Jordan Bardella : « Condoléances aux proches des victimes, au peuple allemand, après l'attentat islamiste qui a frappé le marché de Magdebourg. La cible de l'attaque ne doit rien au hasard : l'islam radical mène une guerre à nos traditions chrétiennes, à nos identités, à notre civilisation. »
Nous apprenions le lendemain que l’auteur présumé se revendique athée et ouvertement islamophobe. Sophie Djigo alerte : le choix médiatique qui est fait par les médias non indépendants « s’inscrit dans une logique plus large de minimisation systématique des crimes racistes en France. »
Le manque d’analyse politique de la tuerie de Dunkerque révèle aussi du manque d’envie de ces médias d’occulter la violence bien présente de l’extrême droite. Pourtant, la DGSI est formelle : les violences de ce qu’ils nomment ultra-droite (comme si ces mouvements étaient différents de l’extrême droite) représentent bel et bien un « phénomène inquiétant ». Le Président des renseignements généraux alerte : « nombre de démocraties occidentales considèrent que la menace d'ultradroite, suprémaciste, accélérationniste, est aujourd'hui la principale menace à laquelle elles sont confrontées. » En France, elle serait la deuxième menace terroriste.
Issu du numéro 71 | «Carnages urbains»

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