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droit à la ville | Peindre les luttes

Publié dans Carnages urbains (hiver 2025) | Par Niouhera, Malak, Illustration par je signe ici?
Mis en ligne le 10 août 2025
Roubaix Alma en lutte - Palestine

L’art urbain est parfois utilisé pour porter des causes. Une fresque, un graff, un pochoir, un collage : autant d’outils pour les militant·es de faire entendre leur voix. Pas besoin d’avoir fait les Beaux-Arts ou d’avoir 20 ans de graff dans les pattes pour y prétendre d’ailleurs. Des militant.es en adoptent les codes et les techniques pour que leur message ait le plus d’impact visuel et symbolique.

Il faut savoir qu’on est jamais tout à fait street artist, graffeur·se vandale ou militant·e. Toustes celleux dont il est fait mention dans l’article précédent se baladent sur un spectre. Une personne peut être vandale sous un blaze, reconnu·e en street artist sous un autre, et devenir militant·e à visage découvert (ou non) lors des moments politiques. Certain·es refusent même l’étiquette d’artiste et préfèrent « militant·e qui fait de la peinture » en rejetant tout le reste. Pour autant, ce dernier cas de figure reste extrêmement marginal.

L’assassinat de Nahel, le génocide à Gaza ou l’affaire Pélicot ont été autant de moments pendant lesquels on a vu fleurir fresques, collages ou pochoirs sur les murs de la métropole. En l’occurrence, les initiatives faisant référence à Nahel ne faisaient pas long feu. Il semblerait que tous les moyens étaient mis en place pour effacer la moindre critique envers les keufs.

Le nettoyage ethnique opéré à Gaza par le gouvernement de Netanyahou a créé des volontés de peindre les murs aux couleurs de la Palestine. Notamment à Roubaix, où on peut citer les fresques du Pile (avec le jeu de mots « Pilestine »), de la Madesque, de l’Alma ou du terrain de basket, à côté duquel on trouve une référence au massacre des Algériens du 17 octobre 1961. A Tourcoing, un drapeau a été peint dans le quartier de la Bourgogne. Il a été effacé avant les premières lueurs du jour. Rien d’étonnant dans la ville de l’abject Darmanin.

Peindre un drapeau palestinien, c’est risquer gros

Plus récemment et sur une autre thématique, un collage a été réalisé à la sortie du métro Gambetta à Lille sous forme de triptyque faisant apparaître Gisèle Pélicot, Araceli Castellano ou Anne Tonglet, figures des luttes contre les violences faites aux femmes.

Celleux qui s’expriment ainsi, surtout au sujet de Gaza, savent qu’iels doivent rester anonymes, sans quête de reconnaissance. Peindre un drapeau palestinien, c’est risquer gros : accusation en antisémitisme, apologie du terrorisme, grosses amendes, peines de prison…

Heureusement, certains événements permettent aux artistes de s’exprimer plus ou moins librement sans craindre les répercussions. À titre d’exemple, certain·es se sont réuni·es à la Condition publique en avril 2023 pour créer des fresques en soutien aux Gazaouis et vendre des œuvres aux enchères afin de reverser les fonds à des associations telles que Palmed (une association de médecins dont la mission est de venir en aide aux Palestinien.nes).

Plus que jamais, il paraît indispensable d’inscrire les luttes sur la pierre pour éveiller les consciences, face à la censure et à l’effacement, coûte que coûte.

Issu du numéro 71 | «Carnages urbains»

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